paiement - blog de Blue Skincare

Le paiement en plusieurs fois incite-t-il à acheter plus ?

Que ce soit en magasin ou sur internet, le paiement facilité en plusieurs fois et sans intérêts est régulièrement proposé. Une facilité pour le client ou une incitation à consommer plus ? 

Payer en trois ou quatre fois est devenu un véritable phénomène de consommation, quel que soit le type d’enseignes : magasins culturel ou d’électroménager, grands magasins et sites internet. On peut ainsi échelonner les paiements d’un smartphone comme d’un sac de luxe, d’une machine à laver comme d’un canapé. Facilité pour le client en cas de coup dur ou incitation à une surconsommation ? 

Ce n’est pas un crédit à la consommation 

Le paiement fractionné n’est pas un crédit à la consommation, c’est une facilité de paiement. Il permet d’échelonner le règlement mais son remboursement ne doit pas dépasser les 90 jours.  

Comment cela se passe-t-il ? Au moment de régler un achat avec sa carte bancaire, on demande le paiement en plusieurs fois. Quelques secondes suffisent pour obtenir l’accord (souvent conditionné à l’obtention ou la possession de la carte de paiement ou du programme de fidélité de l’enseigne) : une fois les identifiants de carte bancaire renseignés (numéro unique, date de validité, cryptogramme), une réponse est obtenue en quelques secondes, le processus d’octroi étant automatisé. Pour un paiement en quatre fois, la première échéance est débitée le jour de l’achat, puis les suivantes au bout de trente, soixante et quatre-vingt-dix jours. 

Ce paiement échelonné est généralement indolore, car sans frais pour le consommateur, contrairement au crédit à la consommation, qui repose, lui, sur une relation contractuelle. Il offre donc plus de facilité et de souplesse au processus d’achat pour le consommateur que le crédit à la consommation.  

Un argument de vente pour les commerçants 

Ce service est devenu un véritable argument marketing mis en avant par les sites d’e-commerce et les commerçants. Car ce système incitatif fait considérablement grimper le taux de conversion d’achat. Les sites e-commerce de l’industrie de la mode constatent des augmentations du panier moyen de plus de 60 % quand ils le proposent. Pour 1 consommateur sur 4, le service de paiement est même devenu un critère d’achat. C’est donc pour les e-commerçants comme pour les points de vente physiques un incomparable outil de persuasion mais aussi de fidélisation. Pourtant, si le paiement en plusieurs fois est généralement gratuit pour le consommateur, c’est bien un service payant, mais les frais – qui vont de 1% à 3,8% du montant payé – sont facturés au commerçant. Les bénéfices sont tels pour celui-ci qu’il choisit le plus généralement de ne pas répercuter ces frais au client. 

Pour proposer le paiement fractionné, les marchands font appel à deux types de fournisseurs : des organismes de crédit traditionnels (Oney, Cofidis, Floa Bank) ou des sociétés technologiques spécialisées (Alma ou Pledg…). 

Facilité de paiement ou incitation à surconsommer ? 

Accéder immédiatement à un bien, même sans disposer de la totalité de la somme nécessaire sur son compte, de manière simple et rapide : c’est le principal atout du paiement en plusieurs fois. A priori, le paiement fractionné permet de lisser la dépense sur plusieurs mois et de maintenir l’équilibre de son budget. 

D’ailleurs, selon une étude Kantar de 2021, 37 % des Français ont déjà eu recours au paiement en plusieurs fois, et ce chiffre est en augmentation. 

Une facilité en cas de grosse dépense 

Selon une enquête menée par l’Observatoire Cetelem en mars 2022, 55% des Français interrogés pensent que ce système de paiement est une solution ponctuelle en cas de problème financier, en cas d’imprévus notamment. Les achats supérieurs à 500 euros sont fréquemment réglés ainsi : 46% des Français le choisissent pour l’électroménager selon une étude réalisée par Harris Interactive, 37% le favorisent pour les dépenses inattendues et 36% pour les produits technologiques, 23% pour les voyages ou de l’équipement sportif. 

Mais qui incite à acheter plus cher et plus 

Le souci : Non seulement un consommateur hésitant sera plus facilement tenté de valider son panier s’il peut échelonner le règlement, mais hésitant entre deux modèles, il sera également plus facilement tenté d’acheter le plus cher, son budget étant ainsi moins contraint. Selon l’enquête Cetelem, 61% des Français interrogés pensent aussi que ce mode de paiement peut inciter à faire l’acquisition de produits plus chers. 

Pouvoir payer en plusieurs fois incite ainsi plus facilement à dépenser de grosses sommes, mais aussi à acheter des choses dont on n’a pas forcément besoin. 

Selon un sondage Étude FLOA – Kantar, sur les évolutions des usages de paiement en Europe, publié en février 2022, si plus de 50% des Français qui utilisent ces facilités de paiement le font pour équilibrer leur budget, 28% déclarent utiliser ce système pour se faire plaisir ! Selon le même sondage, 69% des consommateurs français interrogés envisagent le recours au paiement en plusieurs fois pour des achats inférieurs à 500 euros. Les organismes constatent d’ailleurs qu’il n’y a pas de profil type d’utilisateur : certains sont des CSP + préférant étaler leurs paiements lorsqu’ils se font plaisir, d’autres des consommateurs au petit budget souhaitant mieux maîtriser leurs dépenses. 

Vers plus de contrôle ? 

Ce type de paiement, qui connait un tel engouement, demande à être dans certains cas plus encadré. 

Trop facilement octroyé 

Comme on l’a vu, l’obtention du paiement fractionné est facilité par les distributeurs. Les acteurs de ce marché revendiquent des taux d’acceptation supérieurs à 90%. 

Seuls cas de refus :  

En raison de la nature de la carte bancaire : les cartes à autorisation systématique, du type Electron et Maestro, les cartes prépayées, les cartes virtuelles, notamment, ne permettent pas d’obtenir la facilité de paiement  

  • Si la carte bancaire arrive en fin de période de validité avant la dernière mensualité 
  • Soupçon de fraude antérieure 
  • Pas assez encadré 

Le paiement fractionné échappe aux contraintes de la réglementation sur le crédit à la consommation, notamment en matière de protection des consommateurs (information précontractuelle, présentation du TAEG, droit de rétractation, droit au remboursement anticipé, contrôle de solvabilité, etc.). Cela permet aux prêteurs d’alléger le processus de distribution de leurs produits. 

Facteur de surendettement 

Facilement obtenu et sans vérification des capacités de paiement ou des autres crédits en cours, le paiement en plusieurs fois peut accentuer les difficultés financières des ménages fragilisés s’il est utilisé trop systématiquement ou vient s’ajouter à d’autre crédits. 

C’est pourquoi les pouvoirs publics réfléchissent à mettre en place des garde-fous. Parmi les pistes possibles : une meilleure information de l’emprunteur en amont de la souscription, un contrôle plus strict de sa capacité de remboursement, des limitations d’usage pour certains biens et/ou au-dessus de certains montants. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *